samedi 9 mai 2009

BRIGADE NATIONALE ANTI-FRAUDE DE L’OR: Du plomb dans l’aile

La Brigade nationale anti-fraude de l’or a des problèmes. Les premiers membres ont été nommés en août 2007 pour un mandat de trois ans renouvelable. La prestation de serment a eu lieu en janvier 2008, marquant ainsi l’entrée en fonction officielle de la Brigade. Mais la BNAF a été très vite confrontée à d’énormes difficultés organisationnelles, opérationnelles et même structurelles. Rattachée au cabinet du ministre de l’Energie et des Mines, elle manque cruellement de moyens d’actions, notamment pour les sorties de terrains relatives aux contrôles et à la répression. Tout se passe comme si le ministère veut bloquer le fonctionnement normal de la BNAF. D’abord, pour une sortie de terrain, les membres de la brigade doivent nécessairement avoir un ordre de mission signé au ministère. Pire, ils ne disposent pas de moyens au niveau de la Brigade pour assurer ces sorties. Tout doit être réglé au niveau de la Direction de l’Administration et des finances (DAF) du ministère. Cela limite considérablement l’action de la BNAF. Et les exemples sont légion. Dès la prise de fonction de ses membres, la Brigade a entrepris de passer en revue tous les comptoirs agréés d’achat d’or et des sites d’orpaillages. Après quelques sorties, elle a dû interrompre ses actions faute de moyens. En mars 2009, précisément au cours du long week-end du 7 au 10 mars, un cas de fraude a été signalé à la BNAF. Le directeur et son équipe ont eu toutes les difficultés pour effectuer le déplacement. Ils ne disposaient pas de ressources financières. Les membres de l’équipe ont dû se cotiser pour pouvoir avoir du carburant et autres frais de missions afin de se rendre à Essakane où le cas de fraude a été dénoncé. Ils ont pu mettre la main sur les fraudeurs et saisir environ 500 g d’or.
Mais il n’y a pas que cela: la BNAF a fonctionné pendant plus d’un an sans un statut clair de ses membres. Finalement, le statut a été adopté en février 2009. Ainsi, le directeur de la brigade relève directement du ministre en charge des mines. Il a rang de conseiller technique. Les membres, eux, ont rangs de directeurs généraux. Mais sur le plan pécuniaire, il n’y a rien de précis. Presque tous les membres de la Brigade se plaindraient. Ils estiment être lésés dans leur position de membres de la brigade plus que dans leurs ministères d’origine. L’ambiance de travail est délétère. Beaucoup attendent avec impatience la fin du mandat pour «foutre le camp».
Ils ne sont pas non plus contents du décret relatif à leur statut. Ils le perçoivent comme un coup de poignard. En effet, l’article 23 leur interdit de travailler dans une société minière 10 ans après la fin de leur fonction à la BNAF. Il faut forcément attendre après. Cette clause est pour le moins incompréhensible car la Brigade n’a même pas compétence pour contrôler les sociétés minières. Son contrôle se limite uniquement à la production artisanale. Pourquoi donc cette restriction qui ressemble à une façon de refuser à des Burkinabè de monnayer leurs expériences dans leur domaine de compétence? Certains membres de la Brigade ne comprennent pas pourquoi un tel texte a pu être adopté en Conseil des ministres. En tout cas, à la BNAF, l’avenir ne semble pas prometteur. Pourquoi tant de péripéties pour une structure qui pourrait être d’une grande utilité publique si on lui donnait les moyens nécessaires à son fonctionnement? Y a-t-il des gens tapis dans l’ombre qui oeuvrent à empêcher la BNAF d’être opérationnelle? Que veut le gouvernement en réalité?
B.O

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