lundi 16 mars 2009

LE DROIT DE SAVOIR: C’est illégal de dire «Blaise Compaoré»

Voilà une question de droit très simple, une théorie pourtant déroutante dans la vie courante. Lorsque je me présente à autrui ou quand je m’identifie dans un acte officielle ou pas, dois-je dire Farama Ambroise ou Ambroise Farama?
C’est d’autant plus déroutant que lorsque vous suivez la télévision par exemple, lorsqu’on parle du président du Faso, d’un ministre ou d’une autorité quelconque, on dit toujours Blaise Compaoré, Tertius Zongo, Alain Yoda, etc. Mais quand arrive le tour de Goama le petit mécanicien de Karpala, témoin d’un fait divers, on ne dit plus Goama Ouédraogo. On dit tout naturellement Ouédraogo Goama. La vendeuse de bouillie par exemple, on vous la présentera toujours ainsi: Compaoré Chantal et jamais Chantal Compaoré!
Finalement, on se demande quelle est la règle applicable dans l’ordre des nom et prénom. En apparence, la règle paraît simple: quand vous n’êtes «personne», enfin nous voulons dire quand vous êtes un parfait citoyen lambda qui boit sa bouillie de mil le matin, mange son riz à la sauce de pâte d’arachide à midi et son haricot le soir, on vous identifie par votre nom avant votre prénom; mais si vous pouvez prendre au petit déjeuner, du café au lait au pain beurré et sauter le champagne quand votre gorge en réclame, en ce moment on peut vous désigner par votre prénom avant le nom. Ainsi, vous pouvez naître Sanou Borodalo et devenir Borodalo Sanou si avant votre mort, vous avez la chance de changer de statut social!
Soyons plus sérieux. En principe, si l’on s’en tient au sens littéraire des expressions Nom et Prénom, il n’y a pas de place à philosopher: le préfixe pré en français indique ce qui précède; prénom devrait donc indiquer ce qui précède le nom. On devrait donc désigner le prénom avant le nom. On dirait alors que l’on soit président ou ouvrier, Guy Zongo, Roger Bambara, etc.
C’est d’ailleurs, disent certaines personnes, ce qui se passe chez les occidentaux !
Mais que dit la loi chez nous? Contrairement à ce que pensent bon nombre de personnes et envers le sens du mot prénom, l’article 78 alinéa 2 du code des personnes et de la famille est sans équivoque : «Le nom patronymique précède toujours les prénoms qui sont indiqués dans l’ordre où ils sont inscrits à l’état civil»
En droit burkinabè, l’ordre du prénom et du nom est donc clairement réglé: toujours indiquer le nom avant le prénom et jamais l’inverse. Pourquoi alors dit-on Blaise Compaoré, Tertius Zongo, Alain Yoda, même dans les présentations officielles? C’est illégal. On doit dire Compaoré Blaise, Zongo Tertius, Compaoré Chantal., Ouédraogo Goama. C’est la loi! Ou on l’applique ou la change.
Mais en attendant, des Burkinabè continuent de rêver du jour où on les désignera par leur prénom avant leur nom.
FARAMA Ambroise
Avocat

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