«Ce que j’ai vu hier est absolument bouleversant et indigne. Les conditions d’incarcération sont insupportables». La présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Souhayr Belhassen, a interpellé, le 27 février, le président du Faso sur cette situation. Et elle l’a dit lors d’une conférence de presse organisée le même jour au siège du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP): «Le bloc central de la Maison d’arrête et de correction de Ouagadougou (MACO) abrite 1600 détenus alors qu’il a été construit pour 400 personnes». En novembre dernier, le MBDHP y a avait effectué une visite et avait fait les mêmes constats: obscurité, insalubrité totale, cellules exigües, prisonniers malades sans soins, mauvaise alimentation, maltraitance, etc. Mme Belhassen en a parlé lors d’une audience avec Blaise Comporé. Ce dernier a promis, dit-elle, de se «pencher personnellement» sur cette situation. Une nouvelle prison de 400 places est en construction. Mais la présidente de la FIDH estime que le gouvernement devrait faire plus d’efforts. Car ce nouvel espace de détention n’atténuera que quelque peu le problème. La présidente de la FIDH a également interpellé le président du Faso sur la nécessité d’abolir la peine de mort au Burkina. Blaise Compaoré lui aurait déclaré qu’un projet de loi du gouvernement est en marche et devrait permettre de mettre fin à cette peine capitale, si les députés l’approuve. Mme Belhassen a vivement souhaité que le Burkina s’inscrive dans la dynamique de la Cour pénale internationale visant à abolir la peine de mort.
A propos de l'affaire Norbert Zongo....
La présidente de la FIDH a aussi ouvert les pages sombres des «tueries de Piéla et de Boulpouré». Elle a fortement déploré et condamné les exécutions sommaires: «Lorsque des gens sont exécutés, souvent pieds et poings liés, c’est une affaire grave». Le ministre de la Sécurité l’a rassurée qu’une loi sur la grande criminalité est en cours. Et qu’à propos de l’affaire «tueries de Piéla», il y aurait un procès. Mme Belhassen a été claire: «Que cette loi ne soit pas un glissement vers l’autoritarisme». Elle a aussi souhaité que «le procès annoncé soit équitable». La présidente de la FIDH a également prôné l’indépendance de la Justice et du conseil supérieur de la magistrature. De même que des facilités pour un meilleur accès à la Justice. L’affaire Norbert Zongo a aussi été évoquée avec Blaise Comporé. «Il nous a dit que le dossier était encore ouvert et que s’il y avait des élément nouveaux, la Justice s’en saisirait».
La FIDH estime qu’il faut aussi accélérer l’opération d’établissement des cartes d’identité. Car une carte d’électeur établie avec d’autres documents que la carte d’identité offre un terrain fertile aux détournements de voix. Là aussi, Blaise Compaoré a rassuré Mme Bellhassen: «Il m’a dit que ce qu’il conseille à la Côte d’Ivoire et au Togo devrait s’appliquer d’abord au Burkina Faso».
La présidente de la FIDH a également abordé les menaces de mort par mail proférées à l’endroit des journalistes du mensuel Le Reporter et d’un journaliste du bimensuel L’Evénement. «Nous avons déploré et condamné ces menaces. Nous en avons du reste parlé avec le ministre de la Promotion des droits humains», a-t-elle déclaré sous le regard approbateur du président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré, présent à la conférence de presse. «Nous avons entamé des actions pour protéger ces espaces de liberté. Il n’est pas question que la liberté de presse et d’expression soit mise en cause», a déclaré M. Zougmoré. La présidente de la FIDH a bien apprécié le travail du MBDHP pour la protection et la promotion des droits humains au Burkina.
Hervé D’AFRICK et Sandra JOLY
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