jeudi 12 février 2009

NOS LECTEURS REAGISSENT... «Vous avez fait du bon boulot!»


Voici le message le plus long que nous avons reçu suite à notre article sur «les non-dits du rapport de la Cour des compte», paru dans notre édition de janvier 2009. «Votre journal a été photocopié et revendu», affirme l’un de nos lecteurs qui n’hésite pas à donner un coup de griffes aux personnalités concernées par la vente à crédit des villas CNSS.

Bonjour. Je suis étudiant et suis un de vos très fidèles lecteurs. Je tiens absolument à vous encourager pour le travail extrêmement important que vous faites chaque mois pour que nous soyons informés sur les grands sujets du pays. Infiniment merci. J’ai lu avec intérêt votre dernier journal du mois de janvier sur les gens d’ «en haut en haut» qui ont pris des villas à des coûts allant même jusqu’à 106 millions de francs alors que le petit peuple a faim. C’est grâce à ce genre d’articles que les choses vont s’améliorer. Vous contribuez beaucoup à instaurer la transparence dans la gestion des affaires publiques. Ça fait plaisir de voir ceux qui nous dirigent s’expliquer sur les actes qu’ils ont posés. Ils ne le feront jamais si la presse ne secoue pas le cocotier. Vous avez bien fait de les démasquer. Sinon, personne n’allait savoir que des personnalités du pays n’ont pas respecté leurs engagements. Vous avez bien fait de publier les documents; ça permet de savoir que personne d’entre eux n’a respecté les échéances de paiement. Certains ont commencé à crier pour dire qu’ils sont blancs comme neige, alors qu’ils n’ont même pas été en mesure de tenir parole par rapport au contrat qu’ils ont signé. C’est dommage car l’exemple doit venir d’en haut. Mais si le sommet est pourri, c’est inéluctablement la voie de la dérive qui se fraie devant nous. Dans ce pays, les dirigeants ont trop l’art de contester. Quand le PNUD a classé le Burkina avant-dernier dans son rapport sur le développement humain durable, ce sont les mêmes qui sont allés faire un contre rapport. Ils ont voulu contester le PNUD mais la réalité est là. Il doit avoir deux types de citoyens au Burkina. J’ai l’impression que les dirigeants ne sont pas du tout confrontés à la vie chère. Yonli s’est même permis de prendre une villa de 106 millions! Alors que la grande majorité des Burkinabè cherchent à avoir ne serait-ce que un repas par jour. Pour Filippe et Badini et Diakité, c’est plus de 52 millions chacun. Même si Badini, la seule personne qui a officiellement réagi, affirme que ce n’est pas un prêt mais une vente de villa à crédit, il faut avouer qu’il y a problème. Il faut avoir un minimum de respect pour le peuple qui a faim. Mais on est dans un pays où les uns mangent et les autres regardent. C’est comme ça que naissent les révolutions. Sous la Révolution, il y avait des TPR pour régler ce genre de problèmes. Les ministres roulaient en 406. Même Thomas Sankara roulait souvent à vélo. Je me demande comment ces gens qui ont pris les villas avec la CNSS ont pu s’enrichir de cette façon. Les 106 millions de Yonli, c’est seulement pour une villa! Comme disent nos frères ivoiriens, on est où-là? Bref, je dis bravo à toute l’équipe de votre journal pour le travail que vous avez fait. Même si certains ne sont pas contents, sachez que «vous avez fait du bon boulot», pour reprendre l’expression chère du commissaire de la série «Commissariat de Tampy». Ne faites jamais comme certains journaux qui veulent à tout prix lécher les bottes des puissants. Certains ont tellement voulu les blanchir qu’ils ont fini eux-mêmes par se planter. Le 27 janvier dernier, j’allais à l’université quand un petit m’a présenté les journaux qu’il vendait. A la première page d’un quotidien, c’était écrit en grand : «villas vendues par la CNSS : ceux qui payent, les retardataires et ceux qui ont soldé leurs comptes». J’ai pris mes maigres sous pour acheter le journal, mais dedans, y avait aucun nom. C’était une interview du DG de la CNSS dans laquelle je n’ai retrouvé ni les identités de ceux qui payent, ni ceux des retardataires, ni de ceux qui ont soldé leurs crédits. Au début, j’étais énervé mais après, je me suis mis à rire. J’ai compris comment au Burkina, certains journaux fonctionnaient. Au journal Le Reporter, je dis encore Bravo et courage. Vous, vous avez bien fait votre travail. Il faut augmenter le tirage du journal parce que beaucoup de gens n’ont pas eu celui de janvier. Certains étaient obligés de le photocopier pour revendre. Merci et bonne journée.

Josué Emile Tapsoba

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