La santé du prisonnier Babou Naon est très préoccupante. Et le pire risque d’arriver si rien n’est fait. Sa famille a décidé d’adresser cette lettre ouverte «aux autorités judiciaires de notre pays, aux associations nationales et internationales des droits humains, aux ambassades et à tous les diplomates accrédités auprès de notre pays, aux partis politiques du Burkina Faso, aux autorités politiques et en particulier au chef de l’Etat».
Depuis le 24 novembre 2008, Babou Naon est de nouveau confiné dans sa cellule, en dépit des recommandations médicales. En effet, il avait déjà subi pareille brimade en 2007. Au bout de six semaines, sa santé s’était notablement détériorée: céphalées extrêmement douloureuses, tension artérielle (8) très faible. Il a fallu que la presse fasse état de la situation, pour qu’il soit autorisé à prendre des soins. Suite à cela, son médecin lui délivra un certificat médical, recommandant une bonne aération, ce qui suppose que soit mis fin au régime de confinement dont il est l’objet. Au lieu de cela, Babou Naon est de nouveau confiné depuis déjà plus de cinq semaines.
Son crime, c’est de s’être présenté au poste de police sans autorisation. Pour comprendre la situation, quelques rappels sont nécessaires.
Le dimanche 29 juillet 2007, Babou Naon, pendant qu’il était confiné dans sa cellule depuis six semaines, a été pris de migraines intenses qui ont duré toute la nuit du dimanche au lundi, sans que l’on ait levé le plus petit doigt pour lui faire administrer des soins. Ces migraines étaient accompagnées de vertiges au point qu’il avait de la peine à se tenir debout. C’est alors qu’il s’est présenté au poste pour demander à aller en consultation. Le chef de poste a alors saisi les autorités de la Justice militaire qui n’ont pas réagi. Comment comprendre cette attitude de refus de soins à un malade autrement que la volonté de le voir succomber à sa maladie? Pourquoi donc un tel acharnement?
«Que soient concédés à Babou Naon, les droits élémentaires à la santé»
Des quatre militaires condamnés qui ont été conduits en prison en 2003, le capitaine Bayoulou et le caporal Bassolet ont été libérés à la faveur de l’anniversaire de la Journée de pardon après moins d’une année de détention. Le capitaine Ouali Diapagry Luther s’est évadé. Babou Naon est donc le seul qui reste toujours détenu et comme vous le savez, ses conditions de détention n’ont cessé de se dégrader.
Son sort a été scellé le jour où, croyant bien faire, il était allé dire à François Compaoré, le jeune frère du président, que les éléments de la Garde Présidentielle qui avaient tué et brûlé Norbert Zongo, n’avaient nullement rendu service au président. Ce jour de janvier 1999 a été le point de départ de tous ses malheurs. Ce système de deux poids deux mesures dont il est victime est inacceptable. On se souvient que Yaro Ousséni, élément de la garde rapprochée du président du Faso comme Babou Naon, condamné pour meurtre à dix ans dans le dossier de David Ouédraogo, a été libéré après avoir purgé la moitié de sa peine. Kafando Marcel, chef de la garde rapprochée, condamné dans le même dossier que Yaro à vingt ans de prison, a passé seulement quelques mois à la MACO. Il a été autorisé à rejoindre son domicile pour se soigner. Mais Babou Naon dont les mains ne sont pas tâchées de sang se trouve par contre toujours détenu dans des conditions de rigueur. Il est coupable d’avoir projeté de faire un coup d’Etat.
En général, lorsqu’un détenu va vers la fin de sa peine, ses conditions de détention sont allégées. Babou Naon a écopé de six ans et il ne lui reste que neuf mois à purger. Nous ne voulons pas croire qu’une course contre la montre s’est engagée dont l’enjeu serait la fin de sa vie.
C’est donc au regard de cette situation que nous, famille de Babou Naon, demandons que rien de ce qui peut être fait ne soit négligé, afin que lui soient concédés les droits élémentaires à la santé. Nous souhaitons notamment que prenne fin ce régime de confinement dont les conséquences sur sa santé sont désastreuses. Si Babou Naon n’a pas droit à l’allègement de sa peine comme nombre de ses anciens co-détenus, au moins qu’il ait droit à une bouffée d’air journalière comme l’a recommandé son médecin. Nous vous lançons donc cet appel vibrant afin que Babou Naon puisse bénéficier d’un peu d’humanité au niveau de ses conditions de détention. Nous osons croire que les prisonniers ont aussi des droits et que vous êtes tous prêts à vous battre pour qu’ils soient appliqués.
Pour la Famille
Betéo D. Nébié (INSS/CNRST)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire