lundi 2 février 2009

EDITORIAL: Obama ne changera pas le monde!

Depuis le 20 janvier 2009, le premier noir et 44è Président de la première puissance du monde a été installé dans ses fonctions. Le rêve de Martin Luther King s’est enfin réalisé, 45 ans après, avec Barack Hussein Obama. Pourtant, il y a huit mois, personne ne pariait sur cet outsider qui avait en face de lui, Hilary Clinton, épouse de l’ancien Président, représentante idéale de l’oligarchie politique américaine. Mais c’était sans compter avec le charisme et l’intelligence politique de ce fils d’immigré qui a su se frayer un chemin de façon fulgurante dans une Amérique où même les rêves les plus fous semblent réalisables pour peu que l’on s’en donne les moyens. Et depuis son investiture par le parti démocrate, presque le monde entier s’est spontanément mis à rêver avec Obama. Les Africains, toujours prompts à tendre la main, nourrissent, eux, l’espoir qu’une victoire d’Obama aux Etats-Unis, changent leur situation sociopolitique interne. Le nouveau président américain fascine par son élégance, son charisme, son discours politique. Le contexte de chaos généralisé au plan interne avec une récession économique des plus graves et l’image belliqueuse des Etats-Unis au plan international engendrée par l’Administration Bush, ont donné un coup de pouce considérable à l’homme qui occupe le bureau ovale depuis le 20 janvier. A cela, il faut ajouter la parfaite organisation de sa campagne électorale, une capacité à fédérer et à porter des opinions et des positions pas toujours faciles à concilier ainsi qu’une sérénité à toute épreuve qui ont fini par faire de lui une étoile scintillante et pétillante d’espoir dans un monde de plus en plus incertain.
Mais l’ascension fulgurante d’Obama
interpelle les jeunes Africains à plus d’un titre. Le principal enseignement que l’on peut en tirer est que le seul et véritable chemin de la réussite est le travail, sous-tendu par un idéal et un attachement profond à des valeurs morales, boussoles de nos actes quotidiens. Chacun doit se convaincre que «même si papa est ministre» ou paysan, il faut travailler. Il faut surtout se convaincre et convaincre les autres du besoin de changement. Ensuite, il faut toujours garder la conviction que nous pouvons le faire. Et de ce fait, se battre pour ce changement et il se réalisera. Tout part d’abord d’une conviction profonde, d’un rêve d’une autre Afrique, débarrassée de ses dictateurs corrompus et despotiques, de ses seigneurs de guerres et autres rebelles violeurs, tueurs froids et plus voleurs que les pouvoirs établis, de ses politiciens médiocres et sans ambition autres que leurs ventres et bas-ventres, des intellectuels opportunistes, prêts à vendre leurs âmes et leur dignité pour des intérêts bassement matériels. Les jeunes Africains doivent nourrir le rêve de Martin Luter King. Leurs enfants pourront alors dans les 20, 30 ou 40 ans à venir, réaliser un changement à la Obama.
Cette Afrique nouvelle ne tombera pas du ciel et ne se construira pas par le seul fait qu’un Noir a été élu président aux Etats-Unis. Obama ne réalisera pas nos rêves. Il a été élu par les américains et n’a de priorité que les aspirations du peuple américain. Il travaillera pour la gloire et la puissance des Etats-Unis, même s’il faut piétiner les intérêts africains. Mais déjà, il a manifesté, dès son discours d’investiture, sa vision d’un monde d’espoir avec des dirigeants dignes. Morceaux choisis: «A tous les autres peuples et gouvernements qui nous regardent aujourd'hui, des plus grandes capitales au plus petit village où naquit mon père, sachez que l'Amérique est l'amie de chaque nation et de chaque homme, femme et enfant qui aspire à un avenir de paix et de dignité, et que nous sommes prêts, une fois encore, à ouvrir le chemin(…). Au monde musulman, nous cherchons une nouvelle façon d'avancer, fondée sur notre intérêt mutuel et notre respect mutuel. Aux dirigeants à travers le monde qui veulent semer le conflit ou imputent les maux de leur société à l'Occident, sachez que votre peuple vous jugera sur ce que vous pouvez construire, et non sur ce que vous détruisez. A ceux qui s'accrochent au pouvoir par la corruption, la tromperie et en réduisant la contestation au silence, sachez que vous êtes du mauvais côté de l'histoire. Mais que nous tendrons la main si vous voulez desserrer votre étau.
Aux peuples des pays pauvres, nous promettons de travailler à vos côtés pour que vos fermes s'épanouissent et que coulent des eaux propres; d'alimenter les corps affamés et de nourrir les esprits assoiffés. Et aux nations comme la notre qui jouissent d'une relative abondance, nous disons que nous ne pouvons plus nous permettre de rester indifférents à la souffrance au-delà de nos frontières; que nous ne pouvons pas non plus consumer toutes les ressources du monde sans nous soucier des conséquences. Car le monde a changé et nous devons évoluer avec lui».
Voilà qui est clairement énoncé! Simples déclarations d’intention ou discours euphorique d’un nouveau promu? Toujours est-il que pour changer le monde, Obama et les Etats-Unis ne pourront y arriver que si chacun met du sien, en commençant par balayer devant sa porte.

Boureima OUEDRAOGO

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