samedi 9 mai 2009

AFFAIRE NESKO-NESTLE: Le ministre du Commerce est-il complice?

L’homme d’affaire Salif Kossouka, inculpé pour tentative d’assassinat contre le représentant de British American Tobaco (BAT), doit avoir des insomnies. L’affaire est grave, très grave. La juge d’instruction, Rose Ouédraogo, a terminé son travail. Le dossier est maintenant au niveau du parquet. Mais en attendant la suite, l’administrateur général de la Nouvelle entreprise Salif Kossouka Ouédraogo(NESKO) est décidé à en finir avec certains de ses anciens partenaires. Il bénéficierait, pour cela, de solides soutiens qui sont prêts à remuer ciel et terre pour qu’il triomphe. Première victime: BAT. Elle s’est vue contraint de plier bagages et de quitter le Burkina. NESTLE va-t-elle subir le même sort? En tout cas, Kosouka a réussi un autre «exploit»: il a obtenu d’un juge, le 3 mars dernier, une décision qui suspend toute activité de commercialisation des produits Nestlé par la société NESTLE Burkina. Mais ce n’est pas tout. Il se passe des choses suspectes au ministère du Commerce. Chronique d’une sale affaire…

Les investisseurs étrangers risquent d’être à la longue, dégoûtés, très dégoûtés du Burkina. Déjà, certains s’en méfient. Et à juste titre. Récemment, l’un d’entre eux, arrivé à l’aéroport de Ouagadougou, a demandé à l’une de ses connaissances, une personne sûre, de venir le chercher parce qu’il ne voulait pas prendre «une balle dans la tête ou dans le pied». Sans doute que certains actes lui défilaient dans la tête. Le représentant de BAT, Travaly Bandja, a été l’objet d’une tentative d’assassinat en octobre 2008. Avant lui, deux représentants de NESTLE ont échappé de justesse à la mort, en juin 2004 et juin 2006. On a tenté de les éliminer avec une arme à feu. Mais jusqu’à présent, on n’a pas su qui est l’auteur de ces tentatives de meurtres. Et voici que NESKO, la société dirigée par Salif Kossouka Ouédraogo, vient d’asséner, à ces deux sociétés, un terrible coup. Suite à la résiliation du contrat entre BAT et NESKO, cette dernière avait intenté une action en justice. Le juge aurait tranché sans entendre l’argumentaire de BAT. Donnant ainsi raison à NESKO, se basant notamment sur des raisons qui avaient suscitées la polémique. Cette fois encore, c’est la même rengaine. NESKO a demandé et obtenu la suspension de toute activité de commercialisation des produits Nestlé par NESTLE Burkina. Pourtant, sur toute la ligne, NESKO a posé des actes graves. 2003: c’est le début du partenariat entre les deux parties. NESTLE et NESKO signent des accords de distribution. Mais NESKO ne tiendra pas ses engagements. Elle multiplie les «promesses non tenues». La belle carapace du richissime homme d’affaires commence à se lézarder. C’est le revers de la médaille. On se rend compte que Salif Kossouka Ouédraogo est endetté jusqu’au cou. Plusieurs banques sont à ses trousses. ECOBANK Burkina réclame 1 801 454 270 FCFA, ECOBANK Niger: 550 000 000 FCFA, BIB: 2 207 485 053 FCFA, BCB: 1 600 000 000 FCFA, Burkina Bail: 590 918 221 FCFA, BOAD Lomé: 1 338 098 870 FCFA, SOBFI: 411 624 558 FCFA, BSIC: 748 273 505 FCFA, Banque Atlantique Niger: 905 859 495 FCFA, Société générale des banques de Côte d’Ivoire: 1 014 929 900 FCFA, SAFCO: 216 018 131 FCFA. Donc un total de 11 384 662 006 FCFA. Sans oublier ses diverses dettes, impôts compris les impôts, d’une valeur de 1 799 912 279 FCFA. Total des totaux: 13 184 574 285 FCFA. Sacré Kossouka! Il doit aussi 6 134 548 158 FCFA à NESTLE mais là aussi, promesses non tenues. Aculée par ses nombreux débiteurs, il finit par saisir la présidente du Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Et il demande une suspension des poursuites engagées contre lui; il supplie le tribunal de lui permettre de souffler pendant deux ans, avant de commencer à payer ses dettes. Il cause ainsi de graves préjudices à NESTLE. Son chiffre d’affaires a baissé. NESTLE ne peut livrer de produits. La raison est simple: NESKO, endetté, est dans l’incapacité d’en commander. La SGBB se voit obligée de retirer la caution bancaire de 500 000 000 de FCFA qu’il avait accordé à NESTLE. N’en pouvant plus, cette dernière décide de résilier son contrat avec NESKO. Elle crée une filiale, NESTLE Burkina, afin de continuer ses activités. Tout le dispositif technique et matériel est prêt. Les ressources humaines sont recrutées. Et elles sont prêtes à mettre leur expertise en action. Au guichet unique de Ouagadougou, on nous apprend qu’une demande de licences d’importation a été déposée pour signature. C’est le dernier acte avant le démarrage des activités. Mais cela a troublé le sommeil de Salif Kossouka Ouédraogo. Il décide de faire disparaitre NESTLE du Burkina. Et il réussit le coup! Le 3 mars 2009, contre toute attente, il obtient d’un juge, la suspension de toute activité de commercialisation des produits Nestlé par NESTLE Burkina. L’un des arguments avancé, c’est que NESTLE Burkina et NESKO ont le même objet social. De nombreux spécialistes en droit estiment que c’est une première mondiale! Car s’il fallait tenir compte de cette logique, de nombreuses entreprises burkinabè seraient dissoutes, sans autre forme de procès. «C’est une première»! Et c’est le Burkina, pays dit des hommes intègres, qui détient la palme. Sacrée justice! C’est le Burkina aussi qui récoltera les pots cassés. Tant pis pour la création d’emplois, les paiements de taxes et impôts! NESTLE Burkina avait signé des contrats de distribution avec plusieurs sociétés burkinabè. Cela a naturellement permis de créer de nombreux emplois. Mais du fait de cette situation, beaucoup seront licenciés. Et l’Etat sera finalement le grand perdant.
Le ministère du Commerce, de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat semble être complice de cette situation. Les demandes de licences, déposées au guichet unique pour signature, aurait atterrit dans le bureau du ministre. «Depuis lors, le dossier est bloqué», confie-t-on dans ce ministère. Aux dernières nouvelles, il y aurait des rebondissements du côté de la Justice. Mais saura-ton dire le droit, rien que le droit? Cette question est à la recherche d’une réponse pour le moment introuvable.

Hervé D’AFRICK

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