samedi 9 mai 2009

AFFAIRE MAIRIE DE BOBO: 16 873 079 FCFA volatilisés

La Cour des comptes a donné un coup de pied dans la fourmilière. Elle a révélé, dans son rapport 2005, des actes graves pendant le 75è anniversaire de la commune de Bobo. Mais le dossier est resté sans suite. «Il est ressorti que beaucoup de dons faits à la commune ne sont pas parvenus à destination (…) Ceux qui étaient désignés pour la collecte des fonds au profit de la commune les encaissaient pour leur propre comptes. Par ailleurs, la liste exhaustive de tous ceux qui ont été sollicités n’a pu être établie. Les autorités communales ne possédaient ni listes, ni double des lettres adressées aux sponsors (…) Il ressort de l’examen des documents qu’un certain nombre de partenaires avaient réagi positivement à la requête du maire de la commune mais cela ne figure nulle part dans le bilan financier établi par la commission Finances». Et ce n’est pas tout: «En application des dispositions réglementaires, chaque président de commission devait élaborer un budget de fonctionnement à soumettre à l’arbitrage du contrôleur financier de la commune et à l’approbation du président de la commission Finances. Les sommes étaient mises à disposition soit par chèque, soit en espèce contre décharge. Une fois les dépenses effectuées, les pièces justificatives devraient être transmises à la commission Finances qui était chargée de centraliser toutes les opérations à caractère financier». Mais la Cour des comptes a constaté, lors de son contrôle, que «rien n’avait été fait dans le sens du respect de cette réglementation». Quatre personnes ont été épinglées. Elles sont redevables à la commune de la somme de 16 873 079 FCFA. Le maire, saisi par la Cour, tape du poing sur la table. Dans des correspondances datées du 1er octobre 2004, il menace de les poursuivre en Justice: «Vous disposez d’un délai d’un (1) mois à partir de la notification de la présente pour vous justifier auprès de la commission Finances de la commune, ou vous acquitter dudit montant auprès des services du Trésor (…) Passé ce délai, le dossier sera transmis au Parquet pour suite à donner. Une prompte réaction de votre part vous éviterait d’éventuels désagréments». Mais les mois se sont écoulés… sans qu’il n’y ait de désagréments. «Jusqu’à ce que je quitte la mairie en 2005, seul le DAAF m’avait présenté une quittance du versement qu’il a effectué au Trésor». Il devait à la commune 1 185 000 FCFA. «C’est tout ce dont j’ai connaissance», nous a précisé, en 2008, le maire Célestin Koussoubé, joint par téléphone. Et les autres? «Des recherches effectuées à ce jour, il ressort que le sieur Coulibaly Cheick Amadou séjourne à Bamako. Les services de sécurité sont à l’œuvre et dès son retour sur le territoire, il sera mis en demeure de rembourser les sommes qu’il a détournées au préjudice de la commune», a expliqué le maire, le 3 décembre 2004, dans une correspondance adressée au premier président de la Cour des comptes. Le responsable de la collecte des fonds a aussi été pris dans les filets de la Cour. Il a été mis en demeure par le bourgmestre. Il est redevable à la commune de 13 869 079 FCFA. Mais depuis, le dossier est bloqué. La Cour des comptes a écrit au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, et à celui des Finances et du Budget. Voici un morceau: «En application des articles 104 et 105 de la loi organique n°014-2000/AN du 16 mai 2000, je vous prie de bien vouloir prendre les dispositions nécessaires pour faire recouvrer au profit de la commune tous les fonds non parvenus ou payés sur des bases non légales (…) Vue la gravité des faits, la Cour souhaiterait que vous lui communiquiez le nom du fonctionnaire que vous aurez désigné pour veiller aux suites données à ce référé dans un délai de trois mois comme le stipule les articles 104 et 105 de la loi organique précitée». Mais les deux ministres n’ont eu aucun respect vis-à-vis de cette loi. «Suite au référé n°05-013 CC/CCOCL du 26 mai 2005 envoyé au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et au ministre des Finances et du Budget, la Cour n’a enregistré aucune réaction». C’est écrit dans son rapport public 2005. Du côté de la mairie de Bobo, c’est aussi le flou pour le moment. Nous avons voulu savoir la suite de cette affaire. Mais nos deux séjours effectués spécialement à ce sujet dans la ville de Sya, en 2008, se sont avérés infructueux. Le maire Salia Sanou semblait être disponible pour un entretien mais des agents du service de communication et du protocole ont brouillé les cartes. La rencontre avec le maire n’a jamais eu lieu. Et le flou continue de régner en maître à propos de cette ténébreuse affaire.
Hervé D’AFRICK

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