L’on croyait qu’avec les récentes turbulences qu’il a vécues avec les mouvements d’humeur ou la fronde des refondateurs et les mises en garde indirectes contre ceux qui voudraient créer une concurrence avec la FEDAP/BC, le parti de Roch Marc Christian Kaboré allait enfin s’affranchir des initiatives malheureuses pour s’inscrire véritablement dans un combat qui vaille. Mais ce parti, du moins certains responsables, ont une culture politique fondée plus sur le culte de la personnalité, l’opportunisme et l’incapacité de s’inscrire dans une réflexion prospective. Le 15 octobre dernier, il nous a été donné de voir que le CDP est resté accroché à son fondateur et ne voudrait pas apprendre à vivre sans lui. La section de la région du centre, certainement pour ne pas laisser le terrain de l’agitation à la FEDAP/BC, a décidé de commémorer les 21 ans de pouvoir de Blaise Compaoré. L’on se rappelle que c’est le CDP qui a lancé l’organisation des 20 ans de la renaissance démocratique avec Blaise Compaoré en 2007. Et l’on se souvient aussi que les premières lettres d’invitation avaient explicitement pour objet la célébration du 20ème anniversaire de l’accession de Blaise Compaoré au pouvoir comme le montre si bien cet extrait : «A l’occasion des manifestations marquant le 20e anniversaire de l’accession au pouvoir de SEM Blaise Compaoré, président du Faso, qui se dérouleront du 10 au 20 octobre 2007, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que notre parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), organise un colloque international à Ouagadougou sur le thème : "Démocratie et Développement en Afrique"». Cela avait suscité, en son temps, de vives polémiques et les organisateurs de ce 20ème anniversaire ont vite fait de trouver une parade: ce n’est plus l’anniversaire de l’accession au pouvoir de SEM Blaise Compaoré qui est célébré mais plutôt la renaissance démocratique que les historiens du pouvoir situent désormais au 15 octobre 1987. Ce 20ème anniversaire de la renaissance démocratique, le parti l’a célébré avec les associations de soutien au Président du Faso. Mais entre temps, est née officiellement la FEDAP/BC (Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré). Celle-ci est apparue comme une rivale du parti même si ses bonzes se refusent de le reconnaître publiquement. Et la preuve a été donnée d’abord à l’occasion de la dernière convention du CDP en septembre 2008 où la FEDAP/BC a été implicitement au cœur des débats et des mises en garde à peine voilées. Ensuite, les activités commémoratives des 21 ans de renaissance démocratique avec Blaise Compaoré sont venues confirmer cette sourde rivalité entre les deux entités qui affirment être «complémentaires». C’est la FEDAP/BC qui, la première, a annoncé les couleurs avec une série d’activités. Les annonces publicitaires ont été largement diffusées dans les médias.
Pour ne pas rester en marge, le CDP aussi, à travers sa section régionale du Centre dirigée par le Secrétaire général du parti, Simon Compaoré, a décidé aussi d’occuper les artères de la capitale à travers un cross pour célébrer la renaissance démocratique. Et dans sa volonté de mobiliser du beau monde, appel a été fait à des élèves policiers. Une initiative maladroite parce que la police est censée être neutre et au service de tous les Burkinabè sans distinction d’appartenance politique. Revoilà des méthodes CDR (comité de défense de la révolution): des policiers participant à une manifestation partisane qui, de surcroît, divise le pays. Mais cela ne semble pas poser de problème, même éthique au CDP.
Depuis sa création en 1996, le CDP n’avait pas commémoré une seule fois, la renaissance démocratique avec Blaise Compaoré jusqu’en 2007. Mais voilà que depuis l’année dernière, la date du 15 octobre, une date anniversaire d’un coup d’Etat sanglant est commémorée par un parti politique qui se veut démocrate. On comprend plus qu’une organisation comme la FEDAP/BC se livre à une telle gymnastique parce qu’elle a été secrétée dans la fièvre de la commémoration des 20 ans de pouvoir de son champion.
Bref, le CDP ne semble pas avoir compris que son combat devrait être moins le culte de la personnalité, bien pour son positionnement comme un parti politique à l’avant-garde de la défense des principes démocratiques élémentaires. A force de vouloir occuper tous les terrains où s’engage la FEDAP/BC, elle finirait par convaincre les militants qu’il est réellement en concurrence avec cette organisation dite de la société civile. L’on pensait qu’après les mises au point lors de sa dernière convention, le parti pourrait enfin s’engager résolument dans la défense des principes démocratiques. Mais il confirme qu’il n’y a qu’une seule source de légitimité dans le parti: Blaise Compaoré. Il confirme aussi, comme le pense beaucoup de Burkinabè, qu’il n’a d’avenir en dehors de Blaise Compaoré. C’est ça aussi le CDP, toujours hors jeu dans les vrais enjeux de gouvernance dans ce pays parce que plus préoccupé à rechercher les bonnes grâces du patron qu’à se structurer en parti politique véritable. Et dans le contexte actuel de notre processus démocratique, ce parti semble se tromper de combat. C’est peut-être un choix de vie ou de survie pour le parti et ses leaders. Et comme le dit l’adage, le bois a beau durer dans l’eau, il ne deviendrait jamais un caïman.
Boureima OUEDRAOGO
lundi 2 février 2009
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