24 décembre 1989. Charles Taylor, à la tête du Front National Patriotique du Libéria (FNPL), entame une atroce guérilla contre le régime du défunt président Samuel K. Doe. Cette guerre, l’une des plus meurtrières d’Afrique, a constitué, pour le régime de Blaise Compaoré, l’un des premiers terrains d’expérimentation de l’interventionnisme de notre pays dans les affaires intérieures des Etats étrangers. Après avoir tenté vainement de nier, contre toutes les évidences, l’implication de notre armée dans cette sale guerre, Blaise Compaoré a fini par reconnaître que le Burkina y avait dépêché quelques centaines de mercenaires pour, avait-on tenté d’expliquer, assurer la sécurité de celui qui, à l’époque, comptait parmi les bras droits de notre président dans la sous-région, Charles Taylor.
Des années après, l’histoire avait rattrapé ses auteurs. Les barbouzes de l’opération «JEAN» (nom de code de l’intervention burkinabè au Libéria), mécontents de leur traitement, ont décidé de s’attaquer à ce qu’ils considéraient comme «une profonde ingratitude de leur commandement à la suite de cette mission périlleuse et sans intérêt aucun pour la nation». Il s’en est suivi des remous qui ont mis très mal à l’aise le commandement militaire et le régime du président Compaoré. Des aspects hideux de cette entreprise sont en effet remontés en surface. Après l’obtention de leurs droits par les éléments des contingents ECOMOG I et II suite à une action en justice, le régime avait décidé de faire définitivement table rase sur cette sombre affaire. On a ainsi procédé au dédommagement sur des critères arrêtés par on ne sait qui, des militaires ayant participé à cette opération. Des paiements par tranches de 450 000, 750 000, 900 000 FCFA. A ce jour, un total de près de 5 000 000 de francs ont été servis aux anciens mercenaires burkinabè du Libéria. Ils seraient, selon certaines indiscrétions, dans l’attente d’un dernier règlement de 450 000 francs.
On croyait alors cette affaire en voie d’être définitivement résolue. Mais voilà qu’un groupe des militaires concernés décide de se faire entendre. Ils auraient décidé de saisir la justice. Motif: ils auraient exécuté la même mission que certains de leurs collègues mais n’ont pas perçu les mêmes montants que ces derniers. Ils sont une trentaine et n’auraient perçu que le montant total et définitif d’un million de francs pendant que les autres en sont, à près de 5 000 000 de FCFA. Ils ne comprennent pas cette discrimination dans les allocations financières puisqu’il n’y en avait pas sur le champ de bataille vis-à-vis des risques encourus. Ils ne comprennent pas non plus qui a fixé le montant des dédommagements. Ni sur quels critères, ni pourquoi aussi cette opacité dans le paiement de ce qui constitue à leurs yeux, des droits. Il est à fort à parier que cet énième soubresaut dans cette fameuse opération «JEAN» nous révélera d'autres pans de l’aventure de notre pays au Libéria, si l’affaire atterrissait devant un juge.
Affaire donc à suivre!
Par Glory NEMARO
dimanche 1 février 2009
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