samedi 17 janvier 2009

Editorial: Au-delà de nos ambitions personnelles

Nous voilà embarqués dans le train 2009, flambant neuf. Cette nouvelle année, née des cendres toujours chaudes de l’année 2008 qui a laissé à l’humanité un héritage lourd tant sur le plan sociopolitique qu’économique, est porteuse de bien de challenges et de défis. De nombreux espoirs mais aussi d’énormes craintes, tant l’état du monde à la fin de l’année 2008 est plus qu’inquiétant. Au plan international, le monde a vécu en 2008, la plus grave crise financière depuis les années 1930 qui va certainement être au cœur de l’action publique internationale au cours de cette année 2009. Elle modifiera incontestablement les pratiques et les cultures économiques à l’échelle de la planète, surtout en Occident où le chômage et la crise du logement seront, sans conteste, le casse-tête des pouvoirs publics. Et il n’est pas exclu que cette crise économique ait des répercussions importantes sur l’aide publique au développement au profit des pays pauvres. 2008 a aussi été une année de crises politiques internationales avec la raclée de la Russie à la Géorgie, les perpétuels massacres du peuple palestinien pris entre l’étau de groupes armés radicaux et des réactions disproportionnées d’Israël qui croit garantir sa sécurité intérieure par sa puissance de feu. Il y a eu aussi l’Afghanistan, l’Irak, le Pakistan, l’Inde, et bien d’autres pays qui ont marqué l’actualité en 2008 d’une couleur de sang humain.
Des notes d’espoirs ont cependant été enregistrées au cours de cette année. L’on peut noter entre autres l’historique élection américaine du 4 novembre 2008 aux USA qui a consacré l’accession à la maison Blanche du premier Afro-américain et la fin du mandat du belliqueux Georges W. Bush qui, au nom de la lutte contre le terrorisme a provoqué le chaos en Irak et en Afghanistan. Si l’élection de Barak Obama ne changera pas fondamentalement les relations entre les USA et le reste du monde, elle reste tout au moins un fait historique qui restera à jamais gravé dans l’histoire du monde contemporain.
En Afrique, la République démocratique du Congo, le Zimbabwe et le Kenya ont été les théâtres de violents affrontements et des massacres de populations civiles pour le contrôle ou la conquête du pouvoir d’Etat ou des richesses naturelles. Des drames humanitaires se sont joués ou se jouent sur le continent sans que la nébuleuse communauté internationale ne s’émeuve si ce n’est par d’hypocrites gesticulations.
Les coups d’Etat en Mauritanie et en Guinée sont venus nous rappeler que nos processus démocratiques restent encore très fragiles et porteurs de tensions sociopolitiques qui conduisent aux changements violents et inconstitutionnels. De plus en plus, les Africains se refusent d’accepter les institutions républicaines qui ne tiennent que du symbole, les pouvoirs d’Etat concentrés entre les mains de roitelets, des dictateurs corrompus et mafieux, des despotes accrochés à leurs fauteuils contre vents et marrées.
Au Burkina Faso, l’année 2008 a connu aussi son lot d’évènements heureux et malheureux qu’il serait fastidieux ici d’énumérer. Mais globalement, l’on retient que pour la grande majorité des Burkinabè, 2008 n’a pas été extraordinaire en termes d’amélioration des conditions de vie et de gestion des affaires publiques. Le fossé entre la masse toujours grandissante des pauvres et la minorité de privilégiés de la république continue de se creuser et augmente les risques d’implosions sociales. Sur le plan politique, pas grand-chose à mettre sous la dent tant l’arène politique burkinabè, caractérisée par une morosité, une pauvreté intellectuelle et une crise de proposition, reste sous le contrôle de la famille Compaoré qui a marqué l’année par l’omniprésence de François Compaoré, le «Petit Président». Lui en tout cas, aura eu son année de gloire. Face à la vie chère et au désarroi des populations, le gouvernement a essayé de faire ce qu’il pouvait. Malheureusement, en dehors des discours et de la langue de bois, il peut peu, même très peu. Et 2009 ne sera certainement pas mieux en termes de capacités de l’Etat à répondre aux légitimes aspirations du peuple à plus de justice, de pain, de liberté, de démocratie. En vérité, ce pouvoir, à l’image de Blaise Compaoré lui-même, est essoufflé, usé par 21 ans de règne sans partage. Il a donné tout ce qu’il pouvait apporter de mieux à ce pays depuis longtemps. Pour le reste, il se bat pour son maintien.
Que nous réserve donc cette année nouvelle ? Peut-être beaucoup de projets individuels ou de groupe mais pas vraiment un grand bond qualitatif en avant dans la chaîne de gouvernance
.Pour notre part, Le Reporter poursuivra son chemin avec le même engagement pour un Burkina Faso de justice, de solidarité, de méritocratie. Pour ce faire, nous comptons, aujourd’hui plus que jamais, sur le soutien de tous ceux qui nous ont adopté depuis le tout premier numéro. C’est l’occasion pour nous de formuler le vœu que 2009 apporte ce qu’il y a de meilleur pour notre pays, pour chacun de ses citoyens et pour tous ceux qui nous font l’amitié de vivre chez nous. Nos vœux de stabilité sociale et politique, de progrès et de succès s’adressent également tous les peuples du monde! Puisse cette année nouvelle nous guider sur les sentiers de la justice, de l’équité, de l’espérance ! Et souvenons-nous, nous ne sommes que des hommes, de simples mortels. Quels que soient notre pouvoir, nos fortunes et notre puissance, un jour viendra où nous passerons. Puisse cette nouvelle année donner à chacun, riche ou pauvre, gouvernant ou gouverné, la sagesse, la force et la foi d’aller chercher au plus profond de soi-même, l’engagement nécessaire à la réussite de son passage sur terre! Bonne et heureuse année 2009.

Boureima OUEDRAOGO

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